“De la fierté malgré tout…”
Après trois saisons avec le costume d’entraineur de notre équipe fanion, en Nationale 2 puis en Nationale 1, Olivier Inghilleri laisse sa place à Zeljko Anic. Il revient en longueur sur son mandat à Saint-Claude entre fierté et sentiment d’inachevé depuis l’arrivée de la Covid de nos vie.
Olivier, l’annonce du fait que tu ne seras plus l’entraîneur de la Nationale 1 a surpris beaucoup de monde, mais ce n’est pas justifié…
Je savais que 2020-2021 serait ma dernière saison à Antibes bien avant qu’elle ne commence. J’en ai tout de suite informé notre Présidente. Dès le tout premier confinement, mon organisation au boulot a considérablement changé. J’ai gagné en responsabilités et j’ai vite compris que ça serait compliqué de concilier mon quotidien avec le handball.
Quelle est ton activité professionnelle ?
Je suis directeur adjoint du service éducatif de la mairie de Saint-Raphaël. Je gère les ATSEM, le personnel communal, les agents d’entretien, les animateurs etc… Cela représente entre 140 et 150 personnes. La crise du Covid a fait changer mon quotidien vis à vis du boulot. Cela me demande beaucoup plus de présence sur place, notamment le soir. Tout a été complètement réorganisé. Je ne peux plus faire face aux deux. De plus, pour pérenniser son niveau en Nationale 1, le club va passer de trois à quatre entraînements par semaine. Il est impossible de demander aux joueurs de s’investir à ce point si le coach, lui, ne le peut pas. Ce n’est pas dans ma conception.
Il n’est pour autant pas évident de voir cette aventure s’arrêter ainsi ?
Il fallait se préparer psychologiquement. Ne pas m’arrêter du jour au lendemain. Malheureusement, cette saison n’a pas vraiment existé. Deux matchs, ça ne suffit pas pour évoquer un quelconque bilan. C’est dommage car l’équipe avait évolué et je pense que nous n’aurions pas vécu le précédent début de saison. On aurait pu mieux faire. Je reste d’autant plus déçu de la fin car, actuellement, je ne peux plus venir à Antibes. Je ne vois plus les garçons. Après presque trois ans ensemble, c’est frustrant que ça se termine ainsi.
Tu as pourtant cru que nous allions pouvoir reprendre ?
Personnellement, j’ai longtemps pensé qu’avec ce système de demi-poule à six dans un championnat à douze qui avait été instauré en début de saison, il aurait été possible de finir. On avait déjà joué deux matchs, en placer huit et un barrage éventuel entre avril et fin juin ce n’était pas utopique. C’est aussi pour cela, qu’un temps, j’avais remis en place un programme assez complet et des séances au Fort Carré. Mais la crise sanitaire en a décidé autrement. C’est mon plus gros regret, de ne plus pouvoir venir sur place. Ne plus vivre au milieu de cet esprit de groupe. On a réussi pendant plusieurs semaines malgré tout à garder des moments de convivialité avec du padel ou des matchs de foot à 5 mais aujourd’hui ce n’est plus possible et j’espère que la situation recommencera à tendre vers une normalité le plus vite possible, c’est important pour les joueurs.
Tu restes fier de ton parcours à Saint-Claude ?
Oui. L’équipe sortait d’une saison en demi-teinte en Nationale 2. On a retrouvé peu à peu la confiance et l’envie de bien faire. Même dans les moments difficiles, ce groupe n’a jamais lâché et on l’a ressenti un an plus tard lors de la deuxième partie de saison en Nationale 1 où malgré sept défaites de suite en championnat, ils sont tous restés soudés. Les garçons se sont sauvés eux-mêmes, sans attendre en repêchage. Finalement, tout le monde a été repêché, mais les gars ont pour eux la fierté d’avoir montré qu’ils étaient capables de battre les meilleurs.
La relance s’était déjà amorcée en Nationale 2 au terme d’une folle saison ?
Pour le club, cette dernière saison en quatrième division fut une période intéressante en termes de résultat. Nous avions réussi à harmoniser certaines choses, les joueurs s’y retrouvaient. Mais l’arrivée en Nationale 1 a été très rude. Nous avions vécu un début de saison très difficile à vivre tant pour les joueurs que pour moi. On sortait d’une saison en Nationale 2 exceptionnelle, on a vécu ensemble de grandes choses et puis, sportivement, on ne devait pas monter. On s’est retrouvé propulsé officiellement en Nationale 1 très tard, fin juin. Je pense que, psychologiquement, les joueurs ne s’étaient pas mis dans le statut d’une équipe de ce niveau. Contrairement à la phase retour où on a créé une grosse dynamique en battant les équipes de haut de tableau. Cela laissait entrevoir une fin de saison plus qu’intéressante. Tout s’est arrêté mais ensuite, on a commencé, petit à petit, à étoffer et rajeunir le groupe. C’était le but. De pérenniser cet effectif à ce niveau en anticipant le plus possible les différents arrêts de plus anciens.
Si tu devais retenir un match ? Tout de suite, on pense tous au déplacement en Nationale 2 à Saint-Etienne qui fut épique de bout en bout…
Oui. Je pense qu’il résume tout. Si je ne dis pas de bêtise, c’était l’un des touts premiers samedis des Gilets Jaunes. C’était un long déplacement et on ne savait pas si on allait pouvoir arriver sur place. Il a fallu passer des barrages. On était passé par des routes détournées. On réalise une première mi-temps catastrophique. On prend l’eau. Et puis les garçons ont affiché de grosses ressources pour revenir et faire match nul. On a même failli gagner. Je pense qu’il résume beaucoup de choses. Tout ce qu’on a vécu pendant trois ans. Ne jamais lâcher, ne jamais perdre de vue l’objectif et se remobiliser dans les moments importants. Et puis, il y a eu aussi le tour de coupe de France contre Bagnols-sur-Cèze. On attendait avec impatience le tirage en espérant jouer des pros. On reçoit une Nationale 1 et sur le moment nous étions à demi-satisfaits. Finalement, le club a passé une bonne soirée, dans une salle pleine à craquer. On a gagné en montrant une belle image du club dans le département et la région. Derrière, on est tombé contre Saint-Raphaël.
Que souhaites-tu à tes joueurs ?
En premier lieu de vivre une saison complète. Le club met tout ce qu’il faut en place, petit à petit, pour le pérenniser à ce niveau et s’améliorer. Le recrutement a bien avancé. Il y a un nouveau coach, le staff se structure avec Laurent, Lionel aussi et cela va aider les personnes déjà en place. Le club va commencer une petite transformation, doucement, pour tendre vers autre chose. Une équipe en Nationale 3 et en Nationale 1 ne représente pas les mêmes obligations. Les mentalités évoluent peu à peu même si ça fait toujours peur. Mais je pense que les anticipations se mettent en place correctement. Quand je jouais en Nationale 1, il n’y avait que 24 équipes à ce niveau. Aujourd’hui, 58. Je pense que ça ne durera pas longtemps, la Fédé va restreindre l’étau et il faut absorber ces changements le plus tôt possible.
Tu ne regrettes rien ?
Aucunement. Ce fût pour moi une très belle expérience. Beaucoup de bons. Même si la première partie de saison en Nationale 1 a été très compliquée pour les joueurs et pour moi. Je suis venu ici par sympathie pour beaucoup de garçons que je connaissais bien. Robin, Greg, Babas, Momo, Laurent ou encore Julien. Le projet m’a doublement intéressé. Humainement, tout s’est très bien passé et handballistiquement je pense que nous avons franchi un cap. Avec les dirigeants et les bénévoles tout s’est très bien passé pendant trois ans. Ce fût une étape positive dans ma carrière de coach. Si demain on me sollicite, je serai là dans la mesure de mes possibilités. Mais des personnes vont être mises en place et apporter ce qu’il y a de mieux dans le nouveau projet du club.
Tu ne pouvais pas partir comme ça…
Non. J’ai tenu à m’investir pour 2021-2022 à ma façon. Leur nouvel entraîneur, Zeljko Anic, a lui-même été le mien à Saint-Raphaël quand nous sommes passés de la Nationale 1 à la D1. Je savais que même si dernièrement il n’entraînait pas, il était toujours proche du handball et dans la région il est, pour moi, l’un des meilleurs techniciens. Je connais ses compétences et ses qualités. Il va apporter et s’investir à Antibes pour mener le club sur une autre voie.