Les années antiboises de Laurent…
Après une première partie d’interview de Laurent Touboul, qui arrête sa carrière, ciblée sur les derniers mois flous résultants de la crise sanitaire, place à une deuxième partie où il retrace ses saisons à Saint-Claude…
Laurent, même si nous ne doutions plus d’une impossible reprise de la saison, le petit pincement au cœur fut bien là lorsque le communiqué de la FFHB est tombé ?
Forcément ! Même si la chance de rejouer était de 0.1%, quand ça tombe et que tu te rends compte que tu ne joueras plus jamais au handball, alors que ça fait plus de vingt ans que tu es dedans, c’est un sentiment très étonnant. Après, c’est ma décision, personne ne m’y oblige, mais je ne suis plus prêt à faire de la piste en août sous 35 degrés. Et puis, quand tu es capitaine, c’est un grand mot, mais tu as un statut à tenir, tu dois être tout le temps là, à 100%, sans jamais te traîner, tu dois montrer l’exemple. C’est toi qui doit tirer les autres vers le haut et pas l’inverse.
Ta carrière de sportif se referme et avec elle tes années antiboises sur le terrain…
Antibes restera le club où j’ai disputé le plus de saisons. Je suis arrivé au terme de la première année en Nationale 3, l’été de l’arrivée de Gilles Sanchez. Et, pour être honnête, à l’époque je ne suis pas arrivé à Antibes pour Antibes, mais pour Gilles. C’est à l’époque où je jouais à l’ES Villeneuve-Loubet Handball et qu’il s’est passé tout ce qu’on sait aujourd’hui là bas. On a été plusieurs à vite comprendre qu’il fallait partir et j’étais en contact avec Gilles et au dernier moment je lui ai dit que j’étais disponible pour son projet. Mais, il faut l’avouer, à l’époque, Antibes ou un autre club ça aurait été pareil, mais l’avenir m’a finalement donné raison sur cette destination.
Un long parcours jusqu’à la Nationale 1 finalement ?
Jamais je ne pensais qu’on en serait là aujourd’hui. De plus, je connaissais la Nationale 1 et tout ce que cela implique. J’y avais joué à Villeneuve-Loubet et au Cavigal. Le club venait à peine de monter en Nationale 3 et si je pensais que, sur deux ou trois ans, on pouvait prétendre à monter en Nationale 2, le niveau du dessus n’était à l’époque pas envisageable. De plus, la deuxième saison, on se retrouve à disputer un samedi, à 14h, un match de barrage pour la montée, à Vesoul, contre Bègles. Le scénario improbable. Et tu te retrouves, à l’autre bout de la France, à jouer toute une saison sur un match. On le perd d’un but. Je peux vous dire qu’après ça, il a fallu du temps pour se remettre à l’endroit dans les têtes pour repartir de l’avant.
La dernière saison en Nationale 3 aura été rondement menée…
Je crois qu’au total, un incluant la coupe de France, nous avons réalisé 19 victoires de suite ! Mais, là encore une fois, les débuts ont été difficiles. On venait de recruter Momo et Greg notamment, on avait une grosse équipe et sur les quatre premiers matchs, on perd au BTP Nice, un fait un match nul, on perd à domicile contre Draguignan qui à l’époque était tout juste promu et notre seul match gagné de début de saison c’était un des clubs d’Ajaccio qui a tout perdu durant l’année de 20 buts minimum. Pas glorieux. A la cinquième journée, on gagne de onze buts à Istres et on ne nous a plus arrêté ! Ce début de saison mais surtout ce barrage à Vesoul ont été des étapes très importantes finalement dans la réussite jusqu’à la Nationale 1. Cette montée en Nationale 2 reste l’un des deux moments les plus forts sportivement car, il faut être honnête, c’est la seule montée qu’on a décroché sur le terrain.
On suivit trois années en Nationale 2 avec plus ou moins de réussite…
La première année, la dernière de Gilles, on s’est maintenu mais avec un peu de difficulté, ça n’a pas été simple. La suivante fut, pour beaucoup, celle où on a pris le moins de plaisir avec un entraîneur qui n’est resté que trois matchs, puis un duo mis en place. On va dire qu’on a fait ce qu’il fallait pour se maintenir mais je me souviens d’une période où la pièce aurait pu basculer du mauvais côté. On a enchaîné les mauvais résultats et notre matelas engrangé en début de saison s’est étiolé. Le bas de tableau était très homogène et je me souviens d’un match, chez Montélimar, qui était en train de couler, qu’on perd ! Finalement on s’est officiellement maintenu à deux ou trois journées de la fin.
Et puis Olivier est arrivé sur le banc pour remettre l’église au milieu du village…
Il a remis de l’ordre là où il fallait. Et nous sommes montés directement en terminant deuxième en profitant de la refonte du championnat car seul le premier devait monter en premier lieu. On a vécu une superbe saison ponctuée de ce formidable parcours en coupe de France, jusqu’en 16es de finale où on a reçu Saint-Raphaël qui était venu nous respecter avec une grosse équipe de niveau coupe d’Europe.
Finalement, le grand moment, la Nationale 1, que tu as finalement retrouvé six ans après l’avoir quitté à Villeneuve-Loubet…
Notre début d’aventure en Nationale 1 a, tout le monde s’en souvient, été très difficile avec sept défaites de suite en championnat et au milieu une élimination dès le premier tour de la coupe de France, un dimanche, à La Seyne, équipe de Nationale 3. On en a déjà beaucoup parlé, mais l’esprit d’équipe a pris cette année là tout son sens, c’est avec un groupe soudé qu’on s’en est sorti car, il faut toujours le redire, lorsque la saison s’est arrêtée à cause du Covid, nous étions hors de la zone rouge. Nous n’avons pas dû attendre de façon fébrile la décision de la FFHB. Même si, au final, tout le monde a été sauvé, nous on a décroché le maintien sur le terrain et en plus sans attendre la fameuse série des matchs à six points qui se profilait. On a pris les points contre la première partie de tableau : Bourgoin, Montpellier, Chambéry et Nîmes.
Tu en a tissé des liens en huit saisons…
Je ne sais pas avec combien de joueurs j’ai joué en huit saisons. Un paquet… Mais pas tant que ça car au final dans notre groupe il y a une réelle stabilité. Dans l’effectif 2020-2021 entre Alexandre, Robin, Julien, Greg, Momo, Romain et moi-même, on est finalement nombreux à être là depuis au moins quatre ou cinq ans, même dix ans comme Alex. En fait, il faut le reconnaître, Antibes s’est engouffré de façon intelligente dans la place géographique laissée par Villeneuve-Loubet aux alentours de 2013-2014. De nombreuses “stars” locales ont fait le choix de Saint-Claude dans la fameuse place dont je parle depuis très longtemps, que Antibes doit occuper juste derrière la Pro D2 du Cavigal Nice. Et c’est aussi pour ça que le groupe s’est façonné petit à petit vers la Nationale 1. On y est et le but est de pérenniser cette situation. Nous sommes aujourd’hui quelques uns à nous arrêter ou à partir, c’est le moment de renforcer et de renouveler le groupe.
Hors de question pour autant de quitter le club comme ça ?
Je m’y suis toujours très bien senti. Avec les dirigeants et la majorité des coachs rencontrés. Alors, j’ai décidé de ne pas couper complètement et de rester au club. Mon rôle exact ? C’est difficile de le définir. On pourrait parler de manager général mais destiné à la Nationale 1. Le but est d’aider au mieux la Présidente et les dirigeants autour de notre équipe fanion comme construire l’équipe, rencontrer des joueurs etc… Je serai à disposition du coach s’il en a besoin. Non pas pour parler technique, car être entraîneur ou adjoint ne m’intéresse pas du tout. Je servirai plus de relais auprès du groupe, créer un lien, entre coach et joueurs, joueurs et dirigeants, dirigeants et coachs, comme j’ai pu le faire pendant six ans en tant que Capitaine.
C’est une suite logique ?
En quelque sorte oui. Mon rôle est de faire remonter s’il le faut des messages, même si bien entendu ce sera différent car un nouveau Capitaine sera nommé. Mais j’ai toujours eu et aimé ce rôle là. Je vais apporter tout ce que je peux apporter. Et on sera d’autres à ne pas être loin. Je pense à Ovi Pavel qui est dans le coin, Momo ne sera surement pas loin. Flavien aussi pour les gardiens et Lionel Ret pour toute la partie partenaire. Si d’autres joueurs ou anciens veulent nous rejoindre, on est là !
Le club doit-il rentrer dans une nouvelle ère ?
En quelque sorte. Mais, attention, le but est de ne remplacer personne. Je le dis ! Les dirigeants présents ont déjà réalisé un travail exceptionnel passant en dix ans les deux équipes fanions de la Pré-Nationale aux niveaux que l’on connaît aujourd’hui. Mais une Nationale 1 Masculine de 2022 ne peut pas se structurer de la même façon qu’on le faisait il y a dix ou vingt ans. Il faut plus de physique, plus de médical, plus de partenaires financiers etc… Tout cela ne se fait pas en un claquement de doigt. L’année prochaine nous serons 58 en Nationale 1 et il y a fort à parier que la Fédé voudra resserrer les rangs d’ici peu. Si nous voulons en être, on devra tous travailler dur et tous ensemble, toutes les générations confondues.