« On mérite de rester en Nationale 1 »
Notre Nationale 1 Masculine jouera la saison prochaine toujours à ce niveau après une fin de saison bien particulière comme vous le savez. L’occasion d’une longue interview avec notre Capitaine Laurent Touboul.
Laurent, on sait désormais depuis une semaine environ que le championnat ne reprendra pas. Approuves-tu cette décision ?
Au delà du fait qu’elle nous soit favorable car on se maintient, oui je l’approuve et notamment son timing. Nous avons su finalement assez tôt que le handball c’était terminé pour cette saison et ça permet à tout le monde, à tout les étages, de s’organiser. Je pense aux coachs qui n’ont pas besoin de s’arracher les cheveux pour savoir si on peut rejouer et quand. Et du coup quelle préparation mettre en place etc… Nous aussi, dans l’attente de la fin du confinement, on peut mieux réfléchir à notre travail, nos vacances et autres même si la situation est quand même encore assez floue. Je crois que pour les pros ça sera autre chose, que eux vont peut-être terminer leur saison si cela est possible, mais pour eux c’est leur travail, ils auront d’autres moyens que nous les amateurs de reprendre : suivi individuel, préparateur physique, programme etc…
Antibes est maintenu…
C’est mérité ! Franchement, si on nous avait dit après nos sept défaites qu’on devait être hors zone rouge mi-mars car un tiers de la saison allait sauter… Je pense qu’on aurait déjà préparé le retour en Nationale 2 (rires). Mais nous sommes là, hors zone rouge et même Lyon va être repêché vue la situation. Seul Saint-Flour dans notre poule va descendre et on a sept points d’avance sur eux. Donc on mérite vraiment de continuer en troisième division la saison prochaine !
Un regret ?
L’année dernière on a appris notre montée environ un mois après la fin de saison suite à la refonte des poules. Là, on se maintient dans ce contexte. C’est un regret de ne pas pouvoir fêter ces événements deux fois de suite sur le terrain. Nous n’avons pas le choix, les circonstances sont graves. Il ne faut pas non plus se plaindre.
Au final l’équipe s’est maintenue avant même la fameuse série de trois matchs qu’on attendait tous : Lyon, Bagnols et Saint-Flour…
Oui et ce n’est pas déséquilibré car tout le monde aurait dû encore se jouer pour ce qui est du bas de tableau. En plus, on devait en recevoir deux et on avait perdu contre Lyon et Bagnols à l’aller. Donc a rien volé. On a su prendre des points contre les équipes de la première partie de tableau. Nous n’avons pas à rougir de ce maintien, bien au contraire. On a su faire les efforts au bon moment ainsi qu’une vraie remise en question quand il le fallait. Je pense notamment après notre défaite dès notre entrée en lice en coupe de France, un dimanche à 16h00 chez la Nationale 3 de La Seyne où on comptait gagner enfin pour casser la spirale négative. Rien n’a fonctionné là bas et c’est ensuite qu’on a su se remettre en selle en gagnant à Saint-Flour.
C’était quand même très mal engagé et la saison fût très difficile avec beaucoup d’embûches…
On s’est tous posé des questions à un moment donné il faut l’avouer. Tu perds tes sept premiers matchs de championnat et la coupe contre une N3 en étant ridicule. Vous avez ce match contre Lyon qu’on perd d’un but chez nous lors de la Nuit du Handball alors qu’on méritait mieux. Il y a aussi les week-ends d’intempéries qu’il a fallu gérer avec notre match contre Montpellier reporté deux mois plus tard. On a deux joueurs qui sont passés en coup de vent chez nous, venant entre guillemets de loin, pensant que du coup qu’ils allaient être titulaires et quand ils ont compris que ça ne fonctionnait pas comme ça, on ne les a plus vu. Qui que tu sois, un joueur dit local ou pas, si tu ne montres pas que tu as le niveau et que tu mérites d’être sur le terrain une heure, tu ne joues pas c’est la règle ! On a Jordan qui devait nous donner un coup de main mais qui s’est blessé à l’épaule. On a pas eu Greg pendant un long moment etc… On était dans un très mauvais cycle, où rien n’allait. Mais on a su s’en sortir et ça a tourné en notre faveur.
Un moment charnière ?
Je repense à une discussion d’après-match, avant la douche, dans un couloir d’Annecy après la plus grosse déroute de la saison, avec Olivier qui m’avait demandé de venir parler avec lui. On en menait pas large pour la suite. Olivier a même pensé que ça pouvait venir de lui, qu’il n’avait pas les solutions. A ce moment là, on perdait juste contre des équipes largement au dessus de notre niveau, on avait pas les armes. Ça a été difficile. Retourner à l’entrainement le mardi avec huit matchs perdus d’affilé et la dernière victoire six mois derrière nous… Au final la victoire contre Saint-Flour a libéré tout le monde.
On va donc se retrouver avec un long confinement et une longue trêve sans match officiel qui devrait durer environ six mois… Quelles conséquences pour un groupe plutôt expérimenté comme le notre ?
On a tous de vieilles blessures qu’on traîne depuis des années. Moi le premier, voilà trois ans que j’ai mal au tendon d’achille. Je pense que ces six mois sans match officiel vont nous permettre à tous de ménager nos corps tout en s’entretenant. Le gars qui a mal en haut du corps va bosser le bas et inversement. Il faut que cette pause soit bénéfique pour les organismes. Si on peut, selon la durée du confinement, on essayera de se trouver en mai ou en juin. Histoire d’être ensemble. De faire du sport en groupe et de rester en condition et éviter de prendre dix kilos. Ce ne sera plus le moment de faire de la tactique, mais faire de l’exercice de façon ludique sur grand terrain nous permettra aussi et surtout d’arriver le plus en forme possible en août pour gagner du temps. On ne peut pas se permettre de couper pendant quatre à cinq mois sinon on va prendre trop de retard en début de saison. On aura pas le droit de faire le même début de saison cette fois-ci. Maintenant on le sait. Les autres aussi. On ne part pas pour un championnat à douze mais à treize équipes avec trois descentes ! Il faudra faire deux fois plus d’efforts pour laisser le club en Nationale 1 un an de plus.