Plus que jamais concret…
C’était incontestablement un tournant de la saison. Si les filles de Laurent Ghio voulaient continuer de rêver grand elles se devaient de faire tomber le leader pour la première fois de la saison et elles l’ont fait ! Un but d’avance. On en demandait pas plus. Cette phase retour est aussi parlante des progrès des filles. Alors qu’elles avaient perdu contre Plan de Cuques et fait nul à l’aller contre La Garde, nos Antiboises ont gagné les deux au retour.
Toujours troisième car Toulon a aussi gagné, notre équipe n’est pas dans la position du chassé et a son destin en main puisqu’on doit encore jouer Toulon et que dans deux journées, le 29 février, les deux équipes du Var vont se jouer. Face à La Garde, dans le contexte particulier de la Nuit du Handball, Laurent se montre satisfait. « Durant toute la rencontre, que ce soit pour nous ou pour elles, il n’y a jamais eu de gros écart mais je trouve que globalement nous avons bien géré notre rencontre en faisant un match complet et cohérent du début à la fin, même s’il y a eu des séquences meilleures que d’autres. » Laurent souligne aussi le match extraordinaire de la gardienne adverse. « Elle n’a rien à faire en Nationale 2 mais c’est un choix pour elle. On avait encore pas vu ça cette saison. Elle nous a opposé différents modes de jeu à son poste : impressionnant. La meilleure gardienne du championnat. Alors chez nous Fatou fait un très bon match, mais elle avec 23 arrêts c’est fort. »
Une super gardienne qui a sans doute poussé les filles à se renouveler. « On a offert beaucoup d’alternances. Des débordements, des shoots variés, de loin par exemple, un bon jeu intérieur, on trouve des situations avec des décalages qui offrent un certain confort dans notre jeu. Alors oui il y a encore quelques erreurs au tir mais nous n’avons pas eu besoin de la jouer au forceps comme contre Toulon. On a offert une prestation cohérente. Sans doute le match le plus régulier de notre saison. »
Malgré tout, cet événement majeur a mis le doigt sur la psychologie des filles. Laurent constate qu’il est inconstatable que celles qui sont à Antibes depuis des années, comme bien entendu Kaffy qui a réalisé une performance XXL, mais aussi Emilie, qui a connu la Nationale 1 à 15 ans chez nous et qui connait donc par cœur ce contexte de la Nuit du Handball, a réalisé son meilleur match de la saison. On peut aussi souligner Noémie Pivert, qui est au milieu de sa troisième saison chez nous et qui a clairement mis le feu en entrant. A contrario, certaines ont été un peu rattrapées par l’enjeu et la salle pleine à craquer. D’où l’idée de recontextualiser la performance en se disant que malgré tout ça, on fait tomber le leader et que plus que jamais les filles sont en course pour la montée en Nationale 1 où, si elle le font, des matches de ce type ce sera chaque week-end ! Les filles continuent de progresser dans le jeu mais aussi dans leur tête vis à vis des enjeux qui passent et qui approchent.
Ce succès était capital. Le top 3 se tient en deux points et nous avons le goal-average positif sur La Garde et bien entendu Toulon puisque nous avons gagné l’aller. « On est en course pour terminer premier mais surtout, si on continue sur ce rythme là, on est en avance pour terminer dans les 4 meilleures 2emes des 8 poules. Mais c’est encore long. C’est vrai que nous n’avons plus de longs déplacements. On a déjà fait nos deux voyages en Corse. On devra seulement aller à Cagnes-sur-Mer, Cannes, Toulon et Bouc Bel Air. Vous pouvez compter sur nous pour jouer tous les matchs avec sérieux et les préparer rigoureusement, mais au niveau de la fatigue, c’est bien plus confortable. Et puis, de toute façon, il est hors de question de se dire qu’on est arrivé à bon port car on a battu les deux premiers. Non. L’exemple typique c’est Bouillargues, chez qui on perd de dix buts. »
D’ailleurs, en parlant de ne pas se relâcher, Laurent sera très attentif au fait que ce succès charnière contre La Garde… ne change rien au quotidien. Que les filles continuent comme ça. « Après avoir battu Toulon, la semaine s’est passée bizarrement. Et on a vu le résultat à Bouillargues. Là, oui en enchaîne par un match à la maison, mais je me méfie beaucoup de Mazan. Il y a une super gardienne et un mixte très intéressant entre des jeunes qui proposent de belles choses en attaque et des anciennes qui font ce qu’il faut en défense mais toujours de façon réglementaire. Leur coach a aussi beaucoup de qualités. J’ai vraiment beaucoup de méfiance vis à vis de cette opposition. » Et pour y arriver, Laurent aura, comme depuis le début de saison, besoin de deux choses.
La première c’est que chacun et chacune conserve ce sérieux qui permet d’avoir une infirmerie vide – hormis les bobos traditionnels – depuis plusieurs mois. Tout le monde est là ! La feuille de match à 14, même si elle n’a pas joué car il lui faut encore du temps pour revenir à son meilleur niveau, a permis à Ophélie, qui est devenue maman en septembre dernier, d’être là, sur le banc, ce qui était très important. « J’ai un très beau groupe, homogène. Certes il y a des titulaires en puissance. C’est normal. Et d’autres qui sont un peu en dessous mais qui sont très importantes car je sais que je peux faire confiance aux remplaçantes. J’ai le loisir de pouvoir faire tourner et ça permet de gérer les différentes fatigues. A l’entraînement, on a du monde avec de la qualité ce qui se nous permet de bien travailler. Toutes les filles ont un super état d’esprit. Toutes. C’est capital dans une saison. Les postes sont très souvent doublés, pivot, gardienne, sur la base arrière etc… Quant au retour d’Ophélie il va m’offrir des solutions supplémentaires. »
Terminons cette analyse complète par ce propos du coach pour contextualiser la situation de l’équipe. « Aujourd’hui nous avons notre destin en main pour monter. Mais nous sommes quand même à ce jour troisième. Après la rencontre, tout le monde est venu me voir en me disant « Alors alors alors… ? » Bien entendu que si on ne monte pas, on aura les boules vu ce qu’on fait depuis le début de saison. Mais si on vient à finir troisième, il ne faudra pas oublier non plus où nous étions en janvier 2019 : avant-dernier et relégable. On a parcouru beaucoup de chemin. Il ne faudra pas tout jeter. Il y aura du positif et il ne faudra pas pleurer sur une troisième place. Mais si on peut aller au bout, forcément on ne va pas se priver. »